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Re\\ archéol. Ouest, 5, 19SS, p. 141-144.

LES ROUELLES EN PLOMB : PIEGE ARCHEOLOGIQUE

Pierre-Roland GIOT *

Les archéologues ont pris l'habitude de désigner sous le nom de rouelles une série très disparate d'objets. Appartiennent sans contexte à l'Age du Bronze et à l'Age du Fer des objets trouvés en association ou dans des ensembles archéologiques clos, le plus souvent en bronze, parfois en or ou en étain. Cela va des petits anneaux ou annelets aux rouelles radiées, c'est-à-dire à rayons internes, avec ou sans perforation centrale. Ces dernières se retrouvent en combinaison avec d'autres objets (épingles à rouelles, pendeloques à rouelles) ou accrochées (fibules avec rouelles enfilées sur l'ardillon). Comme pour tous les objets énigmatiques ou symboliques, trouvés parfois en nombre et visiblement fabriqués en série, on a souvent voulu en faire des signes prémonétaires. A l'Age du Fer il existe quelques rouelles dentelées ou à dents de soie au bord externe. Les objets certainement de cette époque, et en plomb, sont également connus, surtout dans l'est de la Gaule (Veillon, 1987).

Mais on a rattaché très souvent aux rouelles divers objets sans date précise, vraisemblablement postérieurs à la Protohistoire, en bronze et en plomb. Par exemple des anneaux avec une seule barre diamétrale, et ceux dérivant de ceux-ci par élongation des objets en forme de "huit", ressemblant à des boucles, mais sans ardillons, les boucles avec ardillons existant aussi. On a trouvé ces objets accolés en barres non débitées, bruts de fonderie, mais il convient de bien distinguer : au sanctuaire gallo-romain précoce de Baron-sur-Odon (Calvados) ce sont des anneaux de bronze non encore détachés les uns des autres qui ont été trouvés, et pas des "huit" (Bertin, 1977), tandis que dans la Seine il a été récemment découvert

un "huit" accolé à un autre (Trehour, 1986). De tels objets ont existé en Bretagne ; quoique sans indications d'origine, nous trouvons dans la collection J. Harscouët de Keravel(J.H.K., restes de collection achetés par l'Université de Rennes, Institut de Géologie, avant 1939) à la fois des annelets de bronze (des dimensions de nos anneaux de rideaux de jadis), des anneaux à barre transversale, et un "huit" véritable, mais ornementé de petites excroissances décoratives sommitales, clairement un objet vestimentaire. Les mêmes types d'objets existeraient aussi en plomb.

Il existe des anneaux de plomb qui sont des fusaïoles souvent confondues avec les rouelles. Leur section est souvent anguleuse vers l'extérieur, le rebord est crénelé avec six à huit trièdres en relief, parfois très accentués, au moins d'un côté, et en plus de ces dents, des motifs décoratifs quadrillés ou cannelés, entre autres. Le trou central est circulaire. Si l'objet est érodé, très usagé ou altéré, on peut voir les cré- nelures s'effacer, d'où la confusion possible avec les objets précédents. Ces objets sont tout au plus bas- médiévaux, et surtout post-médiévaux. Au moins sur leur aspect, leur altération et leur patine, on peut soupçonner une série ancienne, où le diamètre du trou central varie de 6 à 9 mm environ, le diamètre extérieur est de l'ordre de 18 mm, et une série moderne où le trou central a un diamètre de l'ordre de 12 à 15 mm, le diamètre extérieur montant de 23 à 31 mm, avec bien entendu quelques intermédiaires.

Des publications archéologiques ont décrit ces objets comme "gaulois" ; il en a figuré comme tels dans des vitrines de musées, et comme on les a présentés comme des pré-monnaies, les marchands de numis-